Au début d'octobre 1952, il n'y avait à Na San qu'un simple poste et une courte piste d'aviation.

A la mi-octobre, les Viets déclenchèrent une offensive générale contre les postes disséminés dans la " Haute Région " ( ou " Pays Thaï " ) comprise entre le Fleuve Rouge et la Rivière Noire. Le 6° BPC commandé par Bigeard fut d'abord parachuté le 16 sur Tû-Lé pour assurer la protection du poste de Nghia-Lo situé à 30 km de là, et qui paraissait le plus menacé. Mais ce poste tomba aux mains des Viets le 18.

Devant l'ampleur de l'offensive Viet-Minh à laquelle il ne s'attendait pas, Salan ordonna à Bigeard et à tous les petits postes d'évacuer la Haute Région et de se replier au sud de la Rivière Noire sur Na San, où il pouvait organiser leur recueil et ultérieurement les rapatrier par avion vers Hanoï. En même temps, il donna l'ordre de fortifier Na San et d'en faire un camp retranché susceptible de résister aux assauts du Viet-Minh qui se produiraient tôt ou tard. NA SAN est en Haute Région, à une vingtaine de kilomètres de Son La. Le camp est organisé en "hérisson" sous le commandement du colonel GILLES.

Pour gagner du temps, Salan monta parallèlement une opération de diversion ( baptisée " Opération Lorraine " ) plus au nord, entre le Fleuve Rouge et la Rivière Claire, qui se déroula du 9 au 19 novembre. Cette opération fut une réussite car elle dérouta les Viets pendant quelques temps et retarda leur convergence vers Na San.

Avec les Bearcat de l'Armée de l'Air, les flottilles de l'Arromanches interviennent quotidiennement en soutien. A partir du 6 novembre, elles assurent 4 patrouilles par jour.

Fin novembre, le camp retranché, réalisé grâce à une noria continue de Dakota pour transporter matériels et personnels entre Hanoï et Na San, était près à subir l'assaut des divisions Viet-Minh.

Celui-ci ne se produisit que dans la nuit du 1° au 2 décembre. Mais les attaques nocturnes, grande spécialité du Viêt-Minh, furent contrées par les bombardements de nuit des . Les B-26 du Groupe Gascogne intervinrent dés 7 heures du matin. Ils furent immédiatement suivis par les Hellcat de la 12F et les SB2C de la 9F, opérant depuis Cat Bi (le porte-avions est alors au mouillage du Puceron pour entretien). Durant la journée et la nuit suivante, les missions furent quasi-continues. Le combat principal se termina en 48 heures par la défaite des Viets. Le 7 décembre, Giap fit reculer ses hommes qui subissaient des pertes importantes, sans résultat (officiellement : 1 544 morts et 1 932 blessés).

En résumé, les opérations préalables à la bataille de Na San se déroulèrent du 18 octobre au 1° décembre, mais la bataille elle-même ne dura que 2 jours, les 1° et 2 décembre. L'artillerie du camp et les avions d'assaut furent les éléments déterminants de cette victoire, d'autant plus que la piste d'aviation de Na San ne fut jamais coupée. Le trafic des avions de transports y fut constant.

Salan rendit un hommage justifié aux aviateurs de l'Armée de l'Air et de la Marine dans ses rapports d'opérations sur la bataille et dans ses mémoires, où il écrit :
" Sans l'aviation, je perdais la bataille de Na San ".

L'affaire de Na San a été une opération de recueil des troupes dispersées en Haute Région, remarquablement improvisée par Salan et nullement une décision stratégique longuement mûrie, comme le sera Dien Bien Phu un an plus tard.

d'après R.Vercken et P.Gras